Avec le soutien des syndicats et des organisations environnementales, les agriculteurs français expriment fermement leur opposition à Emmanuel Macron en refusant de ratifier l’accord UE-Mercosur. Leur pétition, signée par quarante-quatre organisations, dont Greenpeace et la Confédération Paysanne, exprime une inquiétude particulièrement vive. Les signataires estiment que la perspective d’une concurrence féroce en provenance d’Amérique du Sud érodera progressivement mais inéluctablement l’agriculture française.

Le conflit entre la préservation des circuits courts et l’ouverture économique est illustré depuis plusieurs mois par les débats autour du Mercosur. Ce pacte, négocié pendant près de vingt ans, vise à créer un bloc commercial regroupant plus de 700 millions de membres et représentant 25 % du PIB mondial. En théorie, il devrait stimuler la compétitivité, faciliter les formalités douanières et fluidifier les échanges. Ces objectifs se heurtent toutefois à la réalité d’un marché agricole tendu pour les producteurs français.
Informations clés sur la pétition des agriculteurs français contre l’accord UE-Mercosur
| Élément | Détails |
|---|---|
| Initiateurs | 44 signataires : Confédération Paysanne, CGT, Greenpeace, France Nature Environnement |
| Cible de la pétition | Emmanuel Macron, Président de la République française |
| Objet de la mobilisation | Opposition à la ratification de l’accord de libre-échange UE-Mercosur |
| Pays concernés par l’accord | Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et les 27 États membres de l’Union européenne |
| Risques identifiés | Concurrence déloyale, importation massive de produits à bas coût, atteinte à la durabilité agricole |
| Dernières mesures de l’UE | Clauses de sauvegarde renforcées, contrôle accru des produits sensibles |
| Source principale |
Les signataires dénoncent un texte qu’ils jugent extrêmement inégal. Les agriculteurs français sont directement menacés par les importations de bétail, de sucre et de volaille en provenance d’Argentine et du Brésil, produits selon des normes environnementales moins strictes. L’image du producteur bio de l’Aveyron ou du petit agriculteur corrèze luttant contre un géant industriel brésilien illustre parfaitement la misère rurale.
Emmanuel Macron lui-même a qualifié le document de « mauvais » lors du Salon international de l’agriculture de Paris en février, affirmant que l’Union européenne devait constituer une « minorité de blocage ». Cependant, les discussions récentes en Europe laissent entrevoir une position plus conciliante. Le président français évoque désormais des « protections renforcées » et une évolution « dans la bonne direction ». Malgré leur prudence diplomatique, ces propos sont perçus comme un assouplissement de la position.
Le renforcement de la surveillance des « produits sensibles » figure parmi les mesures de protection préconisées par Bruxelles. Des dispositions de sauvegarde permettraient de rétablir les droits de douane en cas de hausse soudaine et inattendue des importations ou de forte baisse des prix. La Commission estime que ces procédures seraient particulièrement utiles pour maintenir la stabilité du marché. Les syndicats agricoles, cependant, estiment que ces mesures sont insuffisantes car elles seraient mises en œuvre trop tard pour enrayer les conséquences économiques néfastes.
Le porte-parole de la Confédération paysanne, Thomas Gibert, a qualifié la démarche de Paris de « tentative d’adoucir la pilule ». Il critique un traitement inégalitaire consistant à s’opposer ouvertement au texte tout en préparant secrètement son adoption. Cette impression est renforcée par le fait que les États membres ont reçu le projet d’accord « pour ratification expresse, sans consultation parlementaire ». Cette approche oppressive contribue à l’image d’une Europe technique déconnectée des réalités agricoles.
Près de 80 % des agriculteurs français perçoivent l’accord comme une menace directe pour leurs revenus, selon les statistiques, ce qui confirme cette inquiétude. D’après une enquête Cevipof-Agro Toulouse, ce pourcentage souligne l’ampleur du mécontentement, qui dépasse le simple slogan syndical. Chaque signature représente une exploitation familiale craignant la contraction de ses marchés et l’effondrement de ses prix.
Malgré cela, le gouvernement s’efforce de rassurer les agriculteurs. Selon Emmanuel Macron, ses objectifs sont de « garantir des normes identiques pour les consommateurs européens » et de « protéger les secteurs les plus exposés ». Ces propos rappellent que la France aspire à être considérée comme un chef de file du mouvement pour un commerce plus équitable. Sur le terrain, cependant, les agriculteurs restent sceptiques. Nombre d’entre eux estiment que les accords de libre-échange négociés jusqu’à présent ont conduit à une homogénéisation du marché au détriment de la qualité et à une baisse progressive des prix agricoles.
Un problème plus général réside dans l’incapacité à concilier transition écologique et compétitivité, comme l’illustre le scandale du Mercosur. Les militants de Nature Environnement, en France, mettent en garde contre le « dumping climatique ». L’Europe trahirait ses propres engagements environnementaux si elle importait des produits issus de l’agriculture intensive ou de zones déboisées. Ils soulignent que cette contradiction nuirait à la légitimité des programmes écologiques promus à l’échelle mondiale.
Au fil des débats, la pétition se transforme en appel citoyen. Macron est le destinataire du document, mais tous les dirigeants européens sont invités à l’approuver d’ici fin 2025. Le temps presse pour les initiateurs, car chaque jour rapproche l’Europe d’une signature irrévocable. Dans ce cas précis, la mobilisation dépasse le cadre de l’agriculture. Une coalition inédite mais remarquablement cohérente se dessine, unissant syndicats et ONG environnementales.