La pétition contre les mégabassines en France, initiée en réaction directe à la loi Duplomb, connaît un essor spectaculaire. En quelques semaines, elle a réuni plus de deux millions de signatures, un chiffre exceptionnel qui illustre une fracture croissante entre les citoyens et le modèle agro-industriel dominant. Cette mobilisation, particulièrement puissante, redessine les contours du débat public autour de la gestion de l’eau, ressource désormais perçue comme un bien vital et non comme une simple marchandise.

Les mégabassines, ces vastes retenues d’eau artificielles, symbolisent aujourd’hui un choix politique contesté : celui de concentrer l’eau au bénéfice d’une minorité d’exploitations agricoles intensives. Ces infrastructures, présentées comme une réponse pragmatique au dérèglement climatique, apparaissent pour beaucoup comme une solution de court terme aux effets secondaires désastreux. Les opposants soulignent notamment la stagnation de l’eau, les risques d’évaporation accélérée, la dégradation des sols et la disparition progressive des habitats naturels.
Informations clés sur la pétition contre les mégabassines
| Élément | Détails |
|---|---|
| Sujet principal | Pétition contre la loi Duplomb et la construction des mégabassines en France |
| Date du lancement | Juillet 2025 |
| Nombre de signatures | Plus de 2 millions de soutiens citoyens |
| Motif de la mobilisation | Défense de l’eau comme bien commun, opposition à l’agro-industrie intensive |
| Acteurs impliqués | Associations écologistes, Confédération paysanne, citoyens et élus locaux |
| Risques dénoncés | Accaparement de l’eau, perte de biodiversité, pollution et évaporation excessive |
| Répercussions politiques | Débat à l’Assemblée nationale et saisine du Conseil constitutionnel |
| Référence principale |
Pour de nombreux scientifiques, cette approche illustre une incompréhension fondamentale du cycle de l’eau. En pompant massivement dans les nappes phréatiques pendant les périodes humides, on affaiblit le potentiel de recharge naturelle et on accentue, paradoxalement, les sécheresses estivales. Les militants parlent d’un cercle vicieux : plus de bassines pour plus d’irrigation, entraînant une dépendance accrue à un modèle intensif déjà remis en cause.
Cette contestation prend racine dans une volonté collective de redéfinir la place de la nature dans la stratégie agricole. Pour Marion Dubreuil, chercheuse en écologie politique, ces bassines ne sont pas seulement des réservoirs : « Elles incarnent une politique de contournement écologique, un choix qui privilégie la productivité immédiate au détriment du futur commun. » Ce constat, exprimé de manière particulièrement claire, reflète l’opinion d’une partie croissante de la société civile.
La loi Duplomb, adoptée dans un climat de tension parlementaire, a cristallisé la colère. Officiellement destinée à “alléger les contraintes pour le monde agricole”, elle prévoit également la requalification des mégabassines comme projets d’intérêt public majeur, leur offrant ainsi un cadre juridique protecteur. Cette mesure a suscité une réaction en chaîne. En moins de deux semaines, la pétition contre cette loi a franchi le seuil symbolique du million de signatures, forçant ainsi l’ouverture d’un débat à l’Assemblée nationale.
Le mouvement ne s’est pas limité à l’Hexagone. Des associations européennes et des ONG environnementales ont relayé la pétition, saluant cette forme de résistance démocratique. Miguel Bonnefoy, écrivain et signataire du texte, y voit un « signal d’alarme lancé par la société civile », comparable à la mobilisation mondiale contre les pesticides néonicotinoïdes. Le parallèle est frappant : deux combats écologiques, un même refus de la logique d’exploitation à outrance.
L’un des points les plus controversés de la loi réside dans la réintroduction temporaire de pesticides néonicotinoïdes comme l’acétamipride, pourtant interdit depuis 2020. Pour les opposants, ce retour en arrière met gravement en péril les pollinisateurs, déjà fragilisés, et démontre la volonté de concilier économie et écologie au détriment de la santé publique. La Ligue contre le cancer a même qualifié cette décision de « gifle au principe de précaution ». Selon elle, les risques de cancers du sang, du système lymphatique ou de la prostate liés à ces substances sont exceptionnellement préoccupants.
Le débat s’est donc déplacé : il ne s’agit plus seulement de bassines, mais d’une vision du futur agricole et environnemental. Les partisans du modèle industriel y voient une adaptation nécessaire aux défis climatiques, tandis que ses détracteurs prônent une transformation structurelle des pratiques agricoles. Ce désaccord révèle une fracture idéologique entre ceux qui défendent une agriculture de volume et ceux qui militent pour une agriculture de valeur, plus sobre et résiliente.
Ce contexte a favorisé l’émergence d’une forme de solidarité inattendue entre agriculteurs indépendants, écologistes et citoyens ruraux. Dans plusieurs régions, des collectifs locaux ont organisé des « rassemblements de l’eau » : des événements festifs et éducatifs destinés à sensibiliser la population. L’énergie qui s’en dégage est remarquablement efficace pour relier les générations autour d’un enjeu concret. Ces rencontres donnent souvent naissance à des projets alternatifs, comme la gestion partagée des ressources ou la création de zones de captage écologique.
La pétition a également inspiré des initiatives citoyennes à l’étranger. En Espagne, au Portugal et en Italie, des associations locales observent avec intérêt cette mobilisation française, y voyant un modèle de participation populaire.