Une idée simple – interdire les vols intérieurs de moins de 500 kilomètres lorsqu’un trajet en train est plus rapide – est relancée par une nouvelle campagne citoyenne. La Convention citoyenne pour le climat a inspiré ce projet, qui vise à renforcer une politique existante jugée trop timide par de nombreux membres de la société civile. Le problème n’est plus seulement technologique ; il a pris une dimension culturelle et politique en France, où le réseau ferroviaire est particulièrement étendu.

L’initiative a vu le jour en 2020, lorsque 150 votants tirés au sort ont proposé d’interdire l’avion s’il existait une liaison ferroviaire de moins de quatre heures. Réduire la dépendance au transport aérien pour encourager des transports plus écologiques, moins polluants et plus équilibrés était une proposition audacieuse. Cependant, l’objectif a été abaissé à deux heures et trente minutes dans la version finale de la loi climat-résilience de 2021, qui a exclu de nombreux trajets considérés comme « inutiles » par les militants.
Informations principales sur la campagne citoyenne
| Élément | Détails |
|---|---|
| Sujet | Campagne citoyenne pour interdire les vols intérieurs de moins de 500 km |
| Origine | Convention citoyenne pour le climat (France) |
| Mesure existante | Interdiction des vols ayant une alternative ferroviaire de moins de 2h30 |
| Objectif de la campagne | Étendre l’interdiction à tous les trajets de moins de 500 km |
| Lignes concernées actuellement | Paris-Orly ↔ Nantes, Lyon, Bordeaux |
| Impact estimé | 3 % des vols intérieurs en France |
| Référence |
La mesure entrera en vigueur dès la publication du décret d’application en mai 2023. Seules les liaisons Paris-Orly vers Bordeaux, Lyon et Nantes sont concernées. Moins de 3 % des vols intérieurs empruntent ces itinéraires, représentatifs de la polémique. C’est une victoire symbolique, mais insuffisante pour les militants. « Une mesure de principe, mais pas encore un tournant », affirment-ils, plaidant pour que la restriction s’applique à tous les trajets de moins de 500 kilomètres.
L’argument est simple : le train est supérieur à l’avion en termes de maintenance. Le TGV met deux heures pour relier Paris à Lyon, deux heures et cinq minutes pour Bordeaux et deux heures et dix minutes pour Nantes. Prendre l’avion sur ces distances appartient désormais au passé, comme en témoignent ces temps de trajet, à peine plus longs que l’embarquement et le passage aux contrôles de sécurité à l’aéroport. À l’inverse, les trains émettent jusqu’à 50 fois moins de CO2 par passager. Il est indéniable que les transports doivent être rationalisés dans le cadre de la transition écologique.
Les partisans de la campagne affirment que la proposition serait « particulièrement bénéfique » pour plusieurs raisons. Premièrement, elle dynamiserait l’économie ferroviaire nationale en favorisant la restructuration des flux de fret intérieurs vers le rail. Deuxièmement, étant donné que les vols court-courriers représentent une part disproportionnée des décollages et atterrissages polluants, elle permettrait une « réduction significative » des émissions de ces vols. Enfin, elle démontrerait clairement aux compagnies aériennes que le pays est déterminé à traduire ses engagements climatiques en actions concrètes.
De son côté, le gouvernement soutient que sa politique est cohérente. La restriction partielle a été présentée par Emmanuel Macron comme une « promesse tenue ». Pour de nombreux observateurs, la portée de la mesure reste toutefois limitée. Seul un vol sur quarante est concerné, soit environ 500 000 passagers par an. Il s’agit davantage d’un compromis politique, d’une avancée prudente qui préserve les intérêts économiques tout en feignant une conscience environnementale, plutôt que d’une transformation radicale du modèle de mobilité.
Avec le deuxième réseau ferroviaire à grande vitesse le plus étendu au monde, les associations de transport estiment que la France pourrait faire beaucoup mieux. Elles plaident pour une vision plus unifiée intégrant les lignes régionales et les vols de correspondance. Leurs calculs montrent qu’un rayon de 500 km permettrait de développer le transport ferroviaire sur les axes secondaires tout en supprimant environ 20 % des vols intérieurs. Elles affirment que cette modification serait « particulièrement efficace » pour atteindre les objectifs climatiques de 2030.
De leur côté, les compagnies aériennes condamnent ce projet, le jugeant « disproportionné ». Elles soulignent que les vols long-courriers au départ de grands aéroports comme Roissy sont alimentés par des correspondances intérieures. Cependant, cet argument perd de son impact. Des personnes mieux informées savent désormais faire la distinction entre le nécessaire et le superflu. Les vols de 300 ou 400 kilomètres paraissent obsolètes face à l’urgence climatique. Leur interdiction est désormais perçue comme une évolution naturelle plutôt que comme une privation.
Par ailleurs, cette initiative citoyenne représente une nouvelle interprétation de la notion de progrès. L’avion, jadis symbole de modernité, est aujourd’hui au cœur de débats éthiques. Le train, quant à lui, retrouve son image de mode de transport lent. Ce renversement symbolique illustre un changement de perspective profondément significatif. L’efficacité se mesure désormais à l’empreinte carbone évitée plutôt qu’au nombre de minutes gagnées. De plus, dans cette nouvelle vision collective, le train n’est plus perçu comme un compromis, mais comme une option incroyablement polyvalente, capable de rassembler les gens, de favoriser l’unité et d’instaurer la sérénité.
Artistes, scientifiques, élus écologistes et même anciens pilotes se sont ralliés à cette cause. Leur message est clair : interdire les vols court-courriers, c’est redonner du sens à la mobilité, et non sacrifier le confort.