Le cinéma Louxor, ce joyau du quartier Barbès, attire depuis plus d’un siècle les amoureux de l’écran comme un phare culturel au cœur de Paris. Aujourd’hui, les cinéphiles réclament sa réouverture complète et la reprise d’une programmation ambitieuse, soulignant combien cet édifice est vital pour l’identité culturelle de la capitale.

Lorsqu’on passe devant sa façade spectaculaire, couverte de mosaïques aux tons dorés et bleus, on comprend pourquoi tant de Parisiens restent attachés à ce lieu. Construit en 1921 dans un style néo-égyptien audacieux, le Louxor évoque une époque où le cinéma se vivait comme un rituel social. À travers ses colonnes, ses pharaons stylisés et ses fresques inspirées du Nil, il conserve une aura de mystère, presque mythologique.
Informations sur le Cinéma Louxor
| Élément | Détails |
|---|---|
| Nom officiel | Le Louxor – Palais du Cinéma |
| Localisation | 170 Boulevard de Magenta, 10ᵉ arrondissement, Paris |
| Style architectural | Néo-égyptien Art déco, mosaïques et fresques inspirées de l’Antiquité |
| Architecte | Henri Zipcy (1921) |
| Ouverture initiale | 6 octobre 1921 |
| Fermeture et rénovation | Fermé en 1988, rénové et rouvert en avril 2013 |
| Capacité | 3 salles dont la principale de 342 places |
| Statut | Monument historique depuis 1981 |
| Référence | Les Amis du Louxor |
Les fans du Louxor, particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, rappellent avec émotion que ce cinéma a déjà connu plusieurs renaissances. Fermé dans les années 1980, transformé brièvement en discothèque, il fut sauvé de l’oubli grâce à une mobilisation citoyenne, puis restauré par la Ville de Paris avant sa réouverture en 2013. Mais aujourd’hui encore, la frustration renaît : plusieurs espaces du bâtiment restent inaccessibles ou partiellement fermés à la suite de travaux, ce qui alimente la nostalgie d’un retour total à la vie culturelle.
Le Louxor, c’est bien plus qu’une salle obscure. Il est devenu un symbole d’inclusion et de diversité. Situé au carrefour de Barbès, un quartier vibrant où se croisent cultures, langues et générations, il incarne la rencontre entre l’histoire populaire et la modernité parisienne. Les habitants y voient une passerelle entre le passé et l’avenir, un espace où chaque film projeté devient un dialogue entre les cultures.
Durant la crise sanitaire, le silence imposé à ses couloirs fut ressenti comme une tragédie. Le directeur Emmanuel Papillon décrivait alors le lieu comme « habité par des fantômes », une métaphore particulièrement touchante pour un cinéma qui, depuis toujours, fait vivre les ombres sur grand écran. Marcher dans la salle Youssef Chahine, vide et plongée dans la pénombre, c’était ressentir une absence presque physique — celle du public, des rires, des murmures et des applaudissements.
Les spectateurs réguliers racontent leurs souvenirs avec tendresse. Certains évoquent leur premier film vu ici, d’autres une projection marquante, un débat avec un réalisateur, ou même un simple moment de partage dans le hall d’entrée. Le Louxor a ce pouvoir rare de transformer chaque séance en expérience collective, où la magie du cinéma opère dans un cadre architectural remarquablement préservé.
La demande de réouverture formulée par les fans ne se limite pas à un simple désir de divertissement. Elle traduit une revendication culturelle plus profonde : celle du droit à des lieux patrimoniaux accessibles, vivants et modernes à la fois. Pour beaucoup, redonner au Louxor sa pleine activité serait un acte de résistance face à la standardisation des multiplexes et à la domination du streaming. C’est rappeler que rien ne remplace la chaleur d’une salle obscure, le souffle d’un public, l’émotion partagée face à l’écran.
Le mouvement de soutien au Louxor s’inscrit dans une tendance plus large qui touche d’autres cinémas historiques, comme La Pagode, récemment restaurée. Ces lieux mythiques, souvent considérés comme des joyaux architecturaux, rappellent qu’un cinéma peut être à la fois un sanctuaire du patrimoine et un laboratoire d’idées contemporaines. Réouvrir ces espaces, c’est affirmer que la culture ne doit pas s’effacer face aux logiques purement économiques.
Ce combat passionné n’a rien de passéiste. Les défenseurs du Louxor souhaitent y voir s’épanouir une programmation audacieuse, ouverte sur le monde, capable d’attirer à la fois les puristes du 7ᵉ art et les jeunes spectateurs curieux. En soutenant les films indépendants, les documentaires et les créations étrangères, le Louxor pourrait redevenir un pôle dynamique de la cinéphilie parisienne, à l’image du Grand Rex ou du Champo.
La restauration de 2013 avait déjà révélé l’excellence du travail accompli : les fresques polychromes, les frises et le plafond hiéroglyphique avaient été restaurés avec un soin exceptionnel. Cette rénovation, particulièrement réussie, a permis de conserver l’âme du lieu tout en l’adaptant aux exigences modernes — confort, acoustique, projection numérique. Mais comme le rappellent les associations locales, une salle de cinéma n’existe pleinement que lorsqu’elle vibre du bruit de son public.
Les partisans de la réouverture totale insistent sur l’importance sociale du cinéma. À Barbès, le Louxor agit comme un catalyseur d’énergie positive. Il attire non seulement les cinéphiles, mais aussi les écoles, les associations et les habitants du quartier. Il crée des liens, favorise les échanges interculturels, et rappelle que la culture est un bien commun.