Jadis phares pour les lecteurs passionnés, les librairies indépendantes traversent actuellement une crise culturelle et économique. Plusieurs auteurs ont décidé de traduire leurs inquiétudes en actions concrètes face à ce déclin silencieux. Parmi eux, Sylvain Tesson et Miguel Bonnefoy se distinguent par leurs efforts constants pour rappeler à tous que chaque livre acheté localement est un hommage à la mémoire collective, bien plus qu’un simple acte commercial.

Afin d’encourager les écrivains et les lecteurs à fréquenter leurs librairies de quartier et à leur redonner vie, Tesson a lancé la campagne « Relâchons nos librairies » pendant le confinement. Un geste simple mais incroyablement puissant. Il a clairement démontré que sans les lieux qui lui donnent vie, la littérature ne peut exister. Ces librairies, souvent petites, sont de véritables carrefours où la curiosité, les échanges et la découverte se rencontrent naturellement.
Informations principales sur l’appel des écrivains
| Élément | Détails |
|---|---|
| Principaux auteurs impliqués | Sylvain Tesson, Miguel Bonnefoy, Annie Ernaux, Leïla Slimani |
| Objectif du mouvement | Sauvegarder les librairies indépendantes menacées par la concurrence numérique et la baisse de fréquentation |
| Campagnes emblématiques | « Rallumons les feux de nos librairies » (Tesson) ; Appel collectif du monde du livre (2025) |
| Menaces évoquées | Concurrence des plateformes, fermetures économiques, piratage, violences contre les libraires |
| Soutiens institutionnels | Centre National du Livre, Syndicat de la Librairie Française |
| Champ d’action | France, Belgique, Suisse, Maroc |
| Citation marquante | « Acheter un livre en librairie, c’est un acte de résistance culturelle » – Miguel Bonnefoy |
| Référence fiable |
Selon Miguel Bonnefoy, les librairies sont des « maisons de l’esprit », où les livres choisissent leurs lecteurs. Il parle avec passion de ces libertés aujourd’hui menacées par l’essor du commerce en ligne et la logique du « clic instantané ». Il considère un écrivain sans librairie comme un « orphelin de la lecture partagée ». Un livre lu grâce à une recommandation, un sourire ou une conversation revêt une valeur humaine particulière, comme en témoigne son soutien indéfectible aux librairies.
Lorsqu’un certain nombre de dirigeants reconnus du secteur de l’édition ont signé une tribune publiée dans Le Monde en octobre 2025, dénonçant non seulement la fragilité financière des librairies mais aussi la multiplication des attaques physiques et en ligne dont elles sont victimes, ces appels sont devenus encore plus pressants. Menaces et actes de vandalisme ont visé certaines librairies en raison de leurs choix éditoriaux ou de leurs prises de position. Face à cette tendance inquiétante, la communauté littéraire s’est unie autour d’une cause commune : préserver les librairies au même titre que la liberté intellectuelle.
L’écho de ce mouvement s’est rapidement propagé dans plusieurs pays francophones. Au Maroc, l’Association des Librairies Indépendantes (ALIM) a lancé une campagne de solidarité incitant les parents à acheter les fournitures scolaires en librairie plutôt qu’en supermarché. Cette initiative, soutenue par le Collectif de la Nouvelle Édition Marocaine, a placé le livre au cœur du devoir civique. L’ALIM souligne que chaque manuel scolaire acheté localement contribue à la survie de ces commerces et au maintien de la transmission culturelle.
Faibles marges, loyers exorbitants et baisse de fréquentation sont autant de signes d’une situation de plus en plus précaire, selon les libraires. Malgré cela, ils font preuve d’une remarquable ingéniosité. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui organisent des lectures, des activités et des clubs de lecture pour les jeunes. Ces programmes favorisent un lien humain fort, même s’ils ne génèrent pas forcément de profit. Leur plus grande force réside dans ce lien inestimable.
Les causes de ce problème sont bien connues : la dématérialisation de la lecture, l’uniformisation des goûts, exacerbée par les algorithmes qui recommandent sans cesse les mêmes livres, et la domination écrasante des plateformes de commerce électronique, capables de livrer un roman en 24 heures à prix réduit. Pourtant, la librairie indépendante se distingue par son rôle d’intermédiaire curieux et attentif. Elle remet en question l’idée que la culture doive être consommée comme un produit homogénéisé, révèle l’inattendu et favorise la découverte de perspectives nouvelles.
Leïla Slimani et Annie Ernaux comptent parmi les auteurs qui ont rejoint cette initiative, soulignant l’urgence de redonner aux librairies leur place centrale dans les communautés locales. Selon Ernaux, ces lieux constituent souvent le premier contact des jeunes avec la littérature. « La librairie est un lieu où l’on redécouvre la lenteur de l’observation, la patience de la réflexion », a récemment déclaré Slimani à France Inter, convaincue que les librairies constituent un rempart contre l’isolement intellectuel.
Leïla Slimani et Annie Ernaux comptent parmi les auteurs qui ont rejoint cette initiative, soulignant l’impérieuse nécessité de replacer les librairies au cœur des communautés locales. De leur côté, les librairies marocaines soulignent la gravité d’un autre danger : le piratage numérique, qui explose parallèlement à la distribution illicite de publications universitaires et de manuels scolaires. Quelques clics suffisent pour transformer un livre numérisé en une ressource gratuite sur Internet, privant ainsi les auteurs et les librairies de revenus essentiels. La pérennité d’un secteur déjà précaire est menacée par ce phénomène souvent négligé.
Plusieurs propositions émergent pour répondre à ces difficultés. Afin d’améliorer le partage des marges bénéficiaires, éditeurs et libraires devraient tout d’abord collaborer plus étroitement. Ensuite, il convient de moderniser les librairies avec des services de retrait en magasin, de commande en ligne locale et des sites web, sans pour autant altérer leur vocation première. Enfin, il est nécessaire de plaider en faveur de politiques publiques reconnaissant ces entreprises comme des services culturels essentiels, capables de contribuer à la revitalisation des quartiers.