Une campagne citoyenne réclamant l’interdiction totale de la publicité pour la malbouffe destinée aux enfants prend de l’ampleur en Europe depuis quelques semaines, notamment en Belgique et en France. Ce mouvement, à la fois moral et sanitaire, vise à protéger les jeunes des effets néfastes du marketing alimentaire. Il est mené par des organisations comme la FIAN Belgique et soutenu par des enseignants, des parents et des médecins inquiets des conséquences négatives d’une exposition continue à des messages encourageant une consommation excessive de matières grasses, de sucre et de sel.

Lors d’une manifestation à Bruxelles, le message des participants était sans équivoque : « Comeos, Fevia, nous n’en voulons plus de votre malbouffe !» Ce cri, à la fois symbolique et déterminé, traduit le mécontentement croissant face à un système d’autorégulation jugé inefficace. Comeos et Fevia, les deux principales fédérations de l’alimentation et de la distribution, ont publié en mai dernier un nouveau code de conduite visant à limiter la promotion des produits malsains auprès des jeunes. Sur le papier, la promesse semblait louable. Cependant, dans les faits, il ne s’agit que d’un document rédigé par les entreprises elles-mêmes, sans aucune sanction concrète ni contrôle impartial.
| Sujet principal | Mouvement citoyen pour interdire la publicité de la malbouffe destinée aux enfants |
|---|---|
| Organisations impliquées | FIAN Belgique, Comeos, Fevia, Sciensano |
| Slogan central | « Stop à la publicité manipulatrice visant les enfants » |
| Problème soulevé | Publicités pour produits ultra-transformés ciblant les jeunes publics |
| Conséquences | Hausse du surpoids infantile et influence des lobbies alimentaires |
| Proposition du mouvement | Interdiction légale des publicités pour aliments malsains destinées aux mineurs |
| Référence |
Les militants dénoncent cette situation comme un progrès illusoire. En réalité, rien n’empêche les entreprises de diffuser des publicités alléchantes aux abords des écoles ou d’inonder les réseaux sociaux de vidéos humoristiques vantant des produits riches en calories. L’industrie agroalimentaire s’est adaptée avec une efficacité remarquable, vendant non seulement un produit, mais aussi une émotion, un sentiment d’appartenance et une satisfaction immédiate. Ces messages sont d’autant plus percutants pour les enfants qu’ils font appel à des mascottes, des jeux ou des modèles auxquels ils s’identifient.
La gravité du problème est confirmée par des données scientifiques. Sciensano affirme que les publicités pour les aliments ultra-transformés représentent un tiers des publicités visibles près des écoles en Flandre. Ce pourcentage est encore plus élevé dans les zones défavorisées. Ces publicités, souvent joyeuses, dynamiques et colorées, encouragent des habitudes alimentaires malsaines à long terme. De fait, 6 % des jeunes sont déjà obèses et plus d’un sur cinq est en surpoids. Cette étude met en lumière une réalité préoccupante : la santé publique doit désormais imposer des réglementations plutôt que de s’appuyer sur des recommandations morales.
Selon une étude, interdire la promotion de la malbouffe permettrait d’éviter entre 14 % et 33 % des cas d’obésité infantile. Bien que cette perspective soit très positive, compte tenu de l’ampleur du problème, elle reste encore beaucoup trop prudente. Les entreprises agroalimentaires continuent d’investir massivement dans la publicité, dépensant parfois dix fois plus pour le marketing que pour la recherche nutritionnelle, malgré les avertissements des scientifiques.
La campagne #FedUpOnAds a décidé d’agir. Elle réclame des mesures contraignantes, telles que l’interdiction totale de la promotion de produits excessivement salés, gras ou sucrés dans les programmes destinés aux enfants, en ligne et à proximité des établissements scolaires. De plus, le groupe propose de sanctionner les budgets publicitaires des entreprises qui ne respectent pas les normes sanitaires établies par le gouvernement. Ces propositions, jugées particulièrement novatrices par certains économistes, présenteraient un double avantage : limiter l’exposition des enfants et responsabiliser les entreprises.
La campagne a été bien accueillie par les médias. Le soutien est venu de personnalités publiques telles que le chef Thierry Marx et la chanteuse Angèle. Tous insistent sur la nécessité d’un changement de paradigme : la santé des jeunes ne saurait être sacrifiée au profit du gain financier. Leur engagement sincère et manifeste a contribué à sensibiliser le public au fait que le problème de l’alimentation dépasse le cadre individuel pour devenir une responsabilité collective.
Les militants s’appuient également sur des précédents. La consommation de tabac a chuté de façon spectaculaire depuis la mise en place de l’interdiction de la publicité pour le tabac il y a plusieurs décennies. De même, les interdictions concernant l’alcool ont démontré qu’un contrôle strict peut modifier les comportements. Ils affirment que la malbouffe doit être considérée comme une addiction contemporaine, particulièrement nocive car elle débute dès l’enfance et se normalise à l’âge adulte.
Les problèmes politiques et culturels sont également abordés. Les partisans du libre-échange prétendent que ces mouvements étouffent l’innovation dans la publicité et l’économie. Ces affirmations ne sont toutefois pas étayées par les données scientifiques. Même très jeune, une exposition prolongée au marketing des aliments ultra-transformés a un impact direct sur les choix alimentaires. Les enfants de huit ans sont incapables de faire la différence entre information et persuasion.