Un appel à l’aide lancé par les zones rurales françaises a donné naissance à la pétition « Rendez-nous nos trains de nuit ». Des milliers d’habitants réclament la préservation de ces lignes ferroviaires, qui relient les zones rurales aux grandes capitales européennes depuis des décennies. Exaspérée par les fermetures successives et déterminée à défendre son droit à la mobilité, cette demande est le moteur de cette initiative.

En 2024, 66 000 personnes ont emprunté les trains de nuit Paris-Vienne et Paris-Berlin, exploités conjointement par la SNCF et les Chemins de fer fédéraux autrichiens (ÖBB). Pour des lignes relativement récentes, ce succès est extrêmement encourageant. Pourtant, dès décembre 2025, ces services pourraient disparaître. Le gouvernement français affirme que l’engagement d’un service quotidien n’a pas été respecté et menace de réduire les subventions accordées à la SNCF. Actuellement, les trains ne circulent que trois jours par semaine, ce qui compromet leur viabilité.
| Sujet principal | Pétition nationale : « Rendez-nous nos trains de nuit » crie la France rurale |
|---|---|
| Contexte | Menace de suppression des trains de nuit internationaux Paris–Vienne et Paris–Berlin |
| Date clé | Fin des subventions prévue en décembre 2025 |
| Acteurs principaux | SNCF (France), ÖBB (Autriche), DB (Allemagne) |
| Enjeux | Maintien du service, concurrence aérienne déloyale, accessibilité des territoires ruraux |
| Mobilisation | Pétition nationale, soutien d’associations écologistes, élus et citoyens |
| Source |
L’attitude de la SNCF elle-même est pour le moins surprenante. L’entreprise ne vend pas de billets pour ces trains sur sa plateforme SNCF Connect et ne les mentionne même pas sur son site web principal. Comme si la société d’État ne croyait pas réellement à l’avenir des trains de nuit, beaucoup y voient une tentative subtile de saper le projet. Cette absence délibérée réduit la visibilité du service et compromet quasiment sa viabilité commerciale.
Les défenseurs des trains de nuit soulignent une injustice flagrante : le transport aérien continue de bénéficier d’importantes réductions d’impôts tandis que l’Europe freine la construction de lignes ferroviaires. En raison de l’absence de taxe sur le kérosène, chaque billet d’avion génère un avantage caché de trente à quarante euros. Ce mode de transport, plus respectueux de l’environnement et plus responsable socialement, est pénalisé par cette asymétrie, ce qui est particulièrement préjudiciable au train.
Dans les zones rurales, la disparition des trains de nuit serait irréversible. Contournant Paris, ces lignes assurent des liaisons directes entre villages, petites villes et grandes agglomérations. Pour de nombreux habitants, elles constituent un lien essentiel, leur donnant accès à des opportunités économiques, culturelles et sociales. Certaines localités se retrouveraient encore plus isolées sans elles. Nombreux sont ceux qui estiment que le découpage territorial de cette situation est incompatible avec les objectifs environnementaux de la France.
Embarquer à la nuit tombée, traverser des paysages endormis et se réveiller dans une ville inconnue font partie intégrante du charme du train de nuit. Ce mode de transport, qui allie confort et efficacité énergétique, possède une dimension à la fois poétique et durable. De plus, il s’agit d’un mode de transport très efficace car il minimise les émissions de CO2 par passager, réduit le temps de trajet entre le domicile et l’aéroport et permet aux passagers de dormir pendant le voyage.
Les signataires de la pétition soulignent que le train de nuit représente un modèle d’avenir et non un vestige du passé. Son retour suscite un intérêt croissant en Europe : l’Autriche, pionnière en la matière, démontre qu’un réseau de trains de nuit bien géré peut être à la fois rentable et apprécié. La Suède et l’Italie figurent parmi les pays inspirés par cette réussite. Selon les signataires, la France doit investir pour devenir un acteur majeur du transport ferroviaire européen et éviter de prendre du retard.
Cette initiative citoyenne s’inscrit dans un mouvement plus vaste. Personnalités publiques, élus locaux et associations environnementales se joignent à ce mouvement. Pour les écrivains, les artistes et les touristes passionnés, elle incarne une lenteur assumée et une nouvelle perception du temps. Leur soutien confère à la campagne une dimension symbolique et culturelle, rappelant que les chemins de fer relient non seulement des lieux géographiques, mais aussi les esprits.
Les subventions ne constituent qu’un aspect du problème. L’aménagement du territoire et la vision des transports sont au cœur de ce conflit politique. Outre la demande d’une approbation plus explicite de l’Union européenne concernant l’aide aux lignes ferroviaires internationales, les signataires exhortent la France à maintenir son soutien financier. Garantir la continuité du service et ouvrir de nouvelles lignes vers des destinations jusqu’alors non desservies, telles que Copenhague, Milan, Barcelone et Prague, sont les deux objectifs.
Pour les habitants des zones rurales, souvent privés d’accès aux aéroports et aux services publics, ces trains de nuit représentent un retour à l’égalité. Ils rejettent l’idée que modernité rime avec exclusion. Ils perçoivent le train comme un symbole de durabilité, de connexion et de mobilité partagée. Ils sont confrontés au défi d’une France qui souhaite aller de l’avant sans rompre ses liens avec son patrimoine.
Les retombées économiques pourraient être particulièrement importantes. Le rétablissement des trains de nuit favoriserait le commerce international, dynamiserait le tourisme et créerait des emplois.